Durant la période de confinement dont la durée pourrait bien
évoluer, la culture continue d’aiguiser les esprits. Redoublant
d’inventivité, les acteurs culturels, des plus grandes structures aux
musiciens du dimanche, s’invitent dans nos foyers pour notre plus
grand plaisir.
Drôle de période que nous vivons, facilement propice à l’oisiveté, à l’acharnement sur un vieux jeu vidéo ou à l’errance parmi les pires navets de Netflix. Pourtant, c’est surtout l’occasion pour la culture de se réinventer et de finir de sceller les liens qui l’unissaient au géant internet pour répondre à l’une des problématiques que pose cette crise : comment offrir sa dose de culture à un public confiné ?
Comme il est de rigueur aujourd’hui, tout (ou presque) part d’un hashtag, #Culturecheznous, mis en place par le Ministère de la Culture. Rapidement repris par les structures culturelles qui œuvrent à rendre leurs contenus accessibles à tous, il a soufflé un vent de solidarité sur nos solitudes d’intérieur. Il est donc désormais possible de flâner entre une représentation de l’Opéra de Paris, la filmographie de Tarkovsky, un live Instagram de Christine and the Queens et les collections du Musée du Louvre. Même si certaines de ces initiatives ne datent pas d’hier, la situation semble idéale pour s’y essayer enfin. Et aussi pour flâner sur les réseaux sociaux qui, plus que jamais, répondent à leur mission de rassembler les âmes en peine. Les lives musicaux notamment y abondent, recréant l’ambiance des concerts qui nous manque tant, et donnant de
plus une chance aux moins expérimentés de faire leurs armes. Dans un autre domaine, l’illustratrice Pénélope Bagieu a eu la belle idée de proposer aux tweetos de dessiner leur #Coronamaison, c’est-à-dire le lieu où il rêverait de se confiner. Plus créatives les unes que les autres, les réponses, venant aussi bien d’auteurs reconnus que de dessinateurs amateurs, ont afflué et ont permis à chacun de s’évader un peu de son propre salon.
Bien sûr, ce confinement peut également être l’occasion de se rappeler que nos régions ont du talent à revendre. Côté nancéien, vous pouvez par exemple profiter d’une rediffusion en ligne d’un spectacle du CDN de la Manufacture ou du Ballet de Lorraine, ou encore des cadeaux quotidiens de la salle de musique actuelle L’Autre Canal, entre conférence sur la place des femmes dans le rap, playlists diverses et jeux à l’effigie de Philippe Katerine.
Metz n’a pas manqué d’imagination non plus. On salue par exemple la chouette initiative des Monstrueuses 48h du court (concours durant lequel les candidats ont 48 heures pour réaliser un court-métrage) qui se sont métamorphosés en La Monstrueuse semaine du confinement, appelant les cinéastes en herbe à bricoler leur court-métrage en confinement avec les moyens du bord. Les résultats sont visibles sur le YouTube des 48H Monstrueuses. Même changement de règlement pour le marathon de Photographie, mon amour, qui a mis la créativité des participants à rude épreuve.
Bien loin d’être exhaustive, cette ébauche d’inventaire culturel régional peut vous paraître plutôt centrée sur la Lorraine, puisque c’est là que son autrice réside. Mais le reste du Grand Est apporte évidemment sa pierre à l’édifice. Pour savoir comment, il vous suffit de suivre sur les réseaux sociaux vos lieux culturels préférés et de voir quelle belle surprise ils vous ont réservée.
Malgré des règles à respecter, la culture parvient aussi à pointer le bout de son nez dehors. On pense notamment à l’événement national de vendredi dernier, La Fête aux Balcons, initié par Dure Vie et soutenu par plusieurs collectifs ou médias partout en France, qui invitaient tous les musiciens qui le souhaitaient à enchanter leur quartier le temps d’une heure en jouant à leurs fenêtres ou à leurs balcons. Au-delà du divertissement, la manifestation avait surtout vocation à remercier et encourager
les personnels de santé dans leur travail. Hommage a notamment été rendu, à Paris, aux équipes hospitalières de Strasbourg, immortalisées dans une projection évolutive à quelques 500 kilomètres de leur lieu de travail.
Une belle initiative qui amène une conclusion que j’emprunterai à Albert Camus et à son fameux roman La Peste, une lecture qui semble tout à fait d’actualité : « Et pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. »
Article rédigé par Manon Fabra-Defrene, Volontaire en Service Civique au sein de la Région Grand Est.