Au matin du 8 juillet 1962, le Président de la
République française Charles de Gaulle et le chancelier de l’Allemagne fédérale
Konrad Adenauer en visite en France, se retrouvent au camp de Mourmelon à
l’occasion d’une cérémonie militaire. Ils y passent en revue une division
blindée française et une division blindée allemande, survolées par des
formations aériennes des deux pays. Pour la première fois depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, les troupes française et allemande apparaissent côte à
côte et en paix, sur un sol meurtri par le conflit.
Reims a aussi été meurtrie par les affrontements, mais c’est sur son territoire qu’en 1945, la Seconde Guerre mondiale s’est terminée par la capitulation des généraux nazis.
Hautement symbolique, Reims est apparue comme une évidence pour sceller la réconciliation entre la France et l’Allemagne.
Ainsi, c’est dans la cathédrale Rémoise que Charles de Gaulle et Konrad Adenauer assistent ensemble à une messe pour la paix, célébrée par Monseigneur Béjo dans l’après-midi du 8 juillet 1962[1].
« Le voyage se termine à Reims, symbole de nos anciennes traditions, mais aussi théâtre de maints affrontements des ennemis héréditaires depuis les anciennes invasions germaniques jusqu’aux batailles de la Marne. A la cathédrale, dont toutes les blessures ne sont pas encore guéries, le premier Français et le premier Allemand unissent leurs prières pour que, des deux côtés du Rhin, les œuvres de l’amitié remplacent pour toujours les malheurs de la guerre »[2].

Les deux Hommes s’installent côte à côte dans la cathédrale Notre-Dame de Reims, ce qui a donné lieu à la prise du célèbre cliché les représentant unis dans le chœur de l’édifice, première image symbolique de la réconciliation entre la France et l’Allemagne et de la naissance d’un « couple franco-allemand ».
En effet, cet événement est un tournant symbolique d’un point de vue politique, car permet d’affirmer l’amitié entre deux anciens ennemis. Elle-même qui sera scellée par écrit lors de la signature par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer le 23 janvier 1963, du traité de l’Elysée. Ce dernier fixe des objectifs d’une coopération renforcée entre l’Allemagne et la France dans les domaines des relations internationales, de la défense et de l’éducation. Cette nouvelle relation s’inscrit également dans la construction européenne, comme véritable moteur de cette dernière.
Le 8 juillet 2012 à Reims, le Président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont rendu hommage à l’engagement de leurs prédécesseurs 50 ans plus tôt, pour la réconciliation de leurs deux pays. Ils ont également affirmé leur volonté de rendre encore plus étroite l’amitié franco-allemande. Le Président Hollande a ainsi déclaré en citant les mots prononcés par le Général de Gaulle lors de la signature du traité de l’Elysée : « Nous ne tournons pas une page, nous ouvrons une porte ».

[1] https://www.dailymotion.com/video/xybafs
[2] Mémoires d’espoir du Général de Gaulle, 1970